Ses souvenirs d’enfance, teintés de gaieté et d’affection, sont plus intimes, avec pour toile de fond le cadre rassurant de la famille et de ces hautes garrigues qui annoncent le plateau du Larzac. « Ce qui m’a vraiment marqué, dévoile-t-il, ce sont mes vacances scolaires chez papi et mamie, mais particulièrement deux moments très forts, le jeu de tambourin, que l’on ne voyait nulle part ailleurs et qui constituait à chaque fois un grand moment et une grande surprise, et la fête de l’Âne à Gignac, le jeudi de l’Ascension, qui m’a longtemps effrayé, mais que j’ai fini par comprendre. » Christophe Urios est né à Montpellier, un soir de décembre 1965, et a vécu ses premières années à Gignac, au pied du beffroi communal, sur les berges du ruisseau de Gassac.
« Rien ne me lie à Montpellier, raconte-t-il, je n’y ai aucune attache, j’y suis seulement né parce que la famille de ma mère était installée du côté de Gignac et celle de mon père à Jonquières. Je suis resté à Gignac jusqu’à trois-quatre ans avant de partir à Bessan, au sud du département, puis à Pépieux, sur les basses collines du Minervois où mon père a occupé un poste de régisseur dans un domaine viticole. » Il a six ou sept ans lorsqu’il s’essaie au football dans ce village uniquement dédié au ballon rond : « J’étais gardien de but, et je me souviens d’un match que nous avions perdu 7-0 lors d’un tournoi USEP, à Oms je crois. J’étais effondré. En rentrant, ma mère m’avait demandé le résultat et décrété que le gardien devait être une passoire. J’étais en larmes. » Il découvre le rugby à Olonzac, migre à Carcassonne puis à Castres. Épouse la carrière d’entraîneur. « J’ai souvent été contacté par Montpellier en tant que joueur, révèle-t-il, mais jamais comme technicien. » Il dit garder de la « sympathie » pour la cité, et toujours éprouver ce même sentiment, qu’il peine d’ailleurs à décrire, lorsqu’il vient se mesurer au MHR. « Ce n’est jamais un match comme un autre, un peu comme à Oyonnax ou Castres, dit-il. À Montpellier, il y a un peu de moi, à la fois des souvenirs et de l’émotion, un truc de partage avec les gens, un truc bizarre quoi… » Un autre truc bizarre le rattache à ces coins d’enfance. Il y a une dizaine d’années, il se met en quête d’un domaine viticole, « dans le Minervois forcément, parce que je suis un mec de ce territoire ». Titulaire d’un BTSA viticulture-oenologie, il envisage sa reconversion au milieu des vignes et des terrasses de galets ou de schistes. « La semaine qui précède la finale avec le CO, raconte-t-il, mon frère vient à Castres me faire déguster un vin qu’il a découvert, un vin du Château Pépusque. Je l’apprécie, j’aime sa typicité, mais ça s’arrête là. Le 23 décembre 2019, je pars quand même visiter le domaine sans imaginer une seule seconde qu’il s’agit de celui où mon père a travaillé puisqu’il ne portait pas, alors, le même nom. Mais plus je me rapprochais, plus mes souvenirs affluaient. Acquérir ce domaine est devenu, non pas une obsession, mais une évidence. Si je devais prendre un risque en investissant, ce serait à Pépieux, au Château Pépusque. » En avril 2020, il devient naturellement propriétaire du domaine. Fier de revenir sur ces terrains de jeu qu’il a dessinés sur les murs de la propriété. « Fier, oui, tonne-t-il, de perpétuer l’héritage, de participer à la vie du village. J’adore le vin, l’élaborer, le boire, mais ce que j’aime par-dessus tout, c’est la communion qu’il génère. Il y a, à Pépusque, une atmosphère étonnante lorsque nous nous réunissons dans la cour pour des moments de partage et d’échanges. Notre vin est à notre image. Nous le faisons comme nous sommes. Nous essayons d’être les meilleurs, nous investissons dans la qualité de nos vignes, leur traitement, l’élaboration des vins, mais il n’y a aucune esbroufe. Juste notre passion que nous aimons partager. »