Le Talk de BG

Voici le « TALK » de BG, une rubrique exclusive du magazine qui offre une plongée inédite dans l'univers des athlètes. Une interview intime conduite par Benjamin, un artisan coiffeur et barbier réputé, installé à Mauguio. Pour Trust, il transforme son salon BG Coiffeur en un espace convivial où le sport et le style se rencontrent. Le concept est simple : tandis que les ciseaux de Benjamin dansent autour de leurs têtes, les sportifs se livrent, révélant des facettes inattendues de leur personnalité. Pour ce nouveau numéro, c'est Geoffrey Jourdren, ancien gardien du MHSC, qui se prête au jeu. Après douze années dans le monde professionnel et un titre de champion avec Montpellier en 2012, Geoffrey est depuis quatre ans l’entraîneur des portiers au centre de formation du MHSC.

Benjamin : As-tu suivi le match hier soir ?
Geoffrey :
Ouais. On ne pouvait pas passer jusqu’à la finale comme ça.

B. : C’est sûr. Comment as-tu commencé le foot ?
G.
: J’ai commencé à l’âge de quatre ans en région parisienne, à Meaux. Et cela jusqu’à l’âge de treize ans. Après, je suis parti à l’INF Clairefontaine pendant trois ans. C’est l’un des meilleurs centres de formation en France.

B. : Quel souvenir gardes-tu de ces années ?

G. : Tu restes la semaine là-bas et le week-end tu rentres chez toi pour jouer pour ton club. Pour moi c’était le CMSO. La troisième année, tu joues pour l’INF Clairefontaine. Et après tu es envoyé dans les centres de formation où tu veux.

B. : As-tu toujours voulu devenir professionnel ?
G. : Ouais, dès que j’ai intégré l’INF, j’ai compris que cela pouvait devenir sérieux. Je ne voulais pas faire autre chose. Même si tu vas à l’école, que le centre de formation fait concorder scolarité et sport, à un moment donné tu es obligé de faire un choix.

B. : Et le foot, c’était ton rêve… Montpellier aussi ?
G. : Je suis arrivé ici, j’avais seize ans et j’y ai joué jusqu’à mes 32 ans. Cela a été mon choix. Je ne partais pas trop en vacances, je suis de la région parisienne et quand je suis venu à Montpellier, j’ai vu la mer… c’était un club qui faisait beaucoup jouer les jeunes issus du centre de formation et surtout les gardiens de but. Toutes ces choses ont fait que pour moi, c’était l’endroit idéal. En aucun cas, je ne quitterais la région.

B. : Et puis tu as connu des moments très forts avec le club, comme la montée en Ligue 1… 

G. : Oui. En plus c’était un scénario un peu bizarre, je suis rentré en cours de jeu. Fin de match, je fais un arrêt mémorable en face à face. On monte en Ligue 1. Je deviens titulaire. 2012, le titre.

B. : Cela a dû être un moment incroyable…
G.
: Ouais, j’étais exalté. Tu ne peux pas aller plus haut, c’est un truc unique. On a titillé les étoiles en battant presque tout le monde. C’est un souvenir de dingue. C’est vraiment le summum pour un footballeur en termes d’émotion et de performance.

B. : Es-tu le gardien qui a le plus joué au MHSC ?
G. :
Oui. J’ai joué 198 matchs, je crois. J’ai fait 74 clean sheets !

B. : Comment vit-on la critique quand on est footballeur ? Parce qu’on ne va pas se mentir, vous pouvez être encensés, hissés au plus haut par la critique,
et le lendemain… vous faire dézinguer…

G. : Je ne te cache pas, c’est difficile. Il faut en faire abstraction. Il faut rester concentré, ne pas se préoccuper de ce que l’on dit ou écrit. C’est la seule solution. Aujourd’hui avec les réseaux sociaux, c’est encore plus important. Derrière leurs écrans, les gens se lâchent encore plus.

B. : Tu as pris ta retraite relativement jeune. Pourquoi prend-on cette décision ?
G.
: À un moment donné, cela s’impose à toi. Je jouais depuis l’âge de treize ans, cela m’a demandé beaucoup d’énergie. À trente ans, je commençais un peu à tirer la langue. Je n’avais plus le même entrain.

B. : Comment cela s’est-il passé ?

G. : Déjà, pendant un an, je suis resté tranquille, j’ai récupéré de ma carrière. Et puis je me suis interrogé. Qu’est-ce que je sais faire ? Qu’est-ce que j’ai envie de faire ? J’avais envie de transmettre, d’entraîner. Je suis retourné un peu à l’école ! J’ai passé les diplômes nécessaires pour pouvoir encadrer des jeunes au sein du club à Montpellier. Et puis ils ont voulu que j’entraîne les gardiens à Montpellier. Cela fait quatre ans maintenant.

B. : Te sens-tu bien dans ce nouveau rôle ?
G.
: Ouais, super. Je suis dans la transmission. J’aide les gamins à progresser.

B. : Comment sont-ils, les jeunes ?

G. : Tu as des très bons, des moyens, d’autres en difficulté. Mais ils sont volontaires. J’essaie de leur donner le même enseignement, de leur apprendre les bases du gardien de but, les critères de réalisation sur chaque ballon et de les faire progresser petit à petit.

B. : Il y a ton fils aussi… est-ce que ce n’est pas difficile d’être papa et entraineur ?
G.
: Au début, cela a été dur pour tout le monde, mais on s’est adaptés. On fait la différence entre le terrain et la maison. Pour lui c’est compliqué aussi d’être le fils « de ». Les gens pensent que je fais du favoritisme. C’est faux. Il a été en équipe de France, je n’y suis pas. Il a fait onze matchs, il n’en a pas perdu un seul, il a été meilleur gardien. C’est grâce à lui et à son travail.

B. : As-tu toujours voulu être gardien ?
G. :
Oui. J’adorais plonger dans l’herbe et dans la boue ! (Rires)

B. : Tu aurais pu faire du rugby !

G. : Non ! Trop de contact !

B. : Joues-tu encore parfois ?

G. : Non, non. Moi, je ne comprends pas les gens qui continuent à jouer alors que leur carrière est finie. Dans ces cas-là, continue ta carrière ?

B. : Cela doit quand même faire bizarre, quand tu as joué toute ta vie, de tout arrêter d’un coup… 

G. : Oui. Cela se construit quand même. Cela prend du temps. Cela se mentalise progressivement.

B. : Comment te vois-tu évoluer ?

G. : On veut tous un jour entraîner des professionnels. C’est le but suprême d’un entraîneur, quel que soit le niveau, quelle que soit sa place dans la structure. Le Graal, ça reste l’équipe Première. Mais je ne suis pas pressé, je ne suis pas opportuniste. Je suis bien là où je suis. Mais si on m’appelle pour les pros, je dirai oui avec plaisir.

B. : Joues-tu encore parfois ?

G. : Non, non. Moi, je ne comprends pas les gens qui continuent à jouer alors que leur carrière est finie. Dans ces cas-là, continue ta carrière ?

B. : Et as-tu vu le nouveau maillot du MHSC ?
J.
: Oui je l’aime beaucoup. Il ressemble un peu à celui de l’année du titre d’ailleurs. Et cette année, ils en sortent quatre. Un maillot domicile, un maillot extérieur, et deux autres pour le « fun ».

B. : Merci Geoffrey. Je te souhaite le meilleur dans ton rôle d’entraîneur ! 

G. : Merci à toi, Benjamin.

Photographe Guilhem Canal

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