“ L’ÂME DU SPORT ”

À 34 ans, Raphaël Corre incarne une figure de résilience et de passion dans le monde du volley-ball. Né à Rennes, en Bretagne, ce passeur de renom a tissé une carrière riche en défis et en triomphes, illuminée par son dévouement et son humilité.

Texte par Marie Gineste // Photographies par Guilhem Canal

« Je suis né et j’ai grandi à Rennes jusqu’à l’âge de seize ans », se souvient Raphaël. Mais c’est sur les plages de la presqu’île de Crozon, initié par sa grand-mère, ancienne joueuse de volley, que le jeune Raphaël découvre sa passion pour ce sport. « Elle m’a appris à jouer pendant les vacances d’été, j’avais sept ou huit ans. Je passais mes vacances dans la maison de mes grands-parents. C’est là que tout a commencé. » Sa passion pour le sport ne s’arrête pas au volley-ball. Jeune, il pratique également la natation et le football. Mais à l’âge de douze ans, son père lui pose une question cruciale : « Qu’est-ce que tu veux faire ? » Raphaël choisit le volley, c’est là qu’il se sent le plus à l’aise. « Je voulais être sportif. C’était un rêve », raconte-t-il. Il rejoint alors le club CPB de Rennes avant de poursuivre au REC Étudiants Club. L’’adolescence de Raphaël est marquée par des décisions importantes et des changements significatifs. À quinze-seize ans, il intègre le pôle espoir de Dinard, l’un des huit centres en France. « Cela n’a duré qu’un an. L’année suivante, j’ai été recruté au Centre National à Montpellier. » À Montpellier, il évolue, se forme et mûrit pendant trois ans avant de retourner à Rennes pour devenir professionnel. Les débuts ne se déroulent pas sans difficultés. « En étant jeune, j’ai alterné plusieurs postes. Mais à un moment, le filet a été rehaussé et j’ai du mal à m’y adapter. On m’a mis à la passe, et finalement, ça me correspondait bien », se remémore-t-il. Raphaël trouve son équilibre en tant que passeur. « Ce que j’aime dans ce poste, c’est faire jouer l’équipe, être acteur du jeu pour faire briller les autres. » Connu pour son jeu fluide et sa capacité à improviser, il aime créer des opportunités au centre du terrain, toujours à la recherche de l’efficacité. Ses efforts sont récompensés lorsqu’il fait ses débuts en équipe de France. « La première fois, c’était en toute fin d’été, en deuxième division. J’ai été appelé en catastrophe pour dépanner. Je n’étais vraiment pas prêt, mais c’était un défi que je ne pouvais pas refuser. » Sa carrière en équipe nationale se stabilise, bien qu’il soit conscient de son rôle. « Je suis le troisième passeur français. Il y en a deux qui vont en sélection régulièrement.

“ JE CROIS BEAUCOUP AU DESTIN. IL Y A TOUJOURS DU BON DANS TOUTES LES SITUATIONS. ”

Je me tiens prêt pour y aller. Je sais où est ma place. » Les moments marquants de sa carrière sont nombreux. L’un des plus mémorables est la victoire en Coupe de France avec Rennes. « C’était mon club formateur, ma ville. Une année compliquée où je jouais peu, mais où l’on a gagné la Coupe de France. C’était la cerise sur le gâteau. » La route n’est pas toujours linéaire. Après Rennes, Raphaël se retrouve sans club. « Je prends une claque en arrivant à Nice en Pro B. Je réalise que je ne suis pas prêt physiquement, mentalement, ni techniquement. » Mais il ne se laisse pas abattre. Il rebondit, apprend et se renforce. Cependant, la suite de son parcours entre Nice et Chaumont est marquée par des défis et des transitions cruciales. Après Nice, Raphaël signe en Pro B à Alès, mais le club rencontre des difficultés financières pendant l’’été, le laissant sans équipe. « Je me suis retrouvé du jour au lendemain sans club. C’était une période de doute. J’ai failli arrêter. » Raphaël trouve finalement refuge à Lyon, un club récemment descendu en Pro B qui cherche désespérément un passeur. « Je me suis dit il faut y aller, tu vas jouer”. C’était un club de bas de tableau, mais au moins, je restais dans le circuit. » Cette expérience difficile renforce sa détermination et son désir de prouver sa valeur. Son passage à Chaumont sous la direction de Silvano Prandi est un tournant. « Silvano Prandi est l’’un des meilleurs entraîneurs du monde. Avec lui, j’ai passé des étapes importantes. » Ses quatre années à Chaumont, dont trois en tant que capitaine, sont couronnées de succès, avec des titres de Coupe de France et de Super Coupe. En 2023, Raphaël signe avec Montpellier. Cependant, une blessure au genou met un frein à ses ambitions. « J’ai eu une grosse inflammation au genou pendant l’été en équipe de France. On n’a pas su vraiment détecter ce qu’il y avait, alors on m’a fait jouer dessus. » La situation s’aggrave

et Raphaël perd la connexion nerveuse entre son cerveau et sa jambe, entraînant une perte musculaire importante.
« J’ai travaillé dur pour revenir, explique-t-il. Mais la douleur persistait. J’ai joué jusqu’en avril avec des douleurs quotidiennes, à ne pas pouvoir dormir la nuit, à jouer sous anti-inflammatoires. C’était compliqué, je souffrais, mais j’avais envie de montrer pourquoi j’étais là. » Malgré ses efforts, Raphaël et son équipe terminent la saison avec une finale de Coupe de France perdue et une cinquième place en championnat. « On ressort frustrés parce qu’on perd, et on n’est pas loin d’être dans le top 4. » Depuis la fin de saison, il est en rééducation, déterminé à revenir à 100 % pour la saison suivante. « J’ai décliné l’invitation à la Ligue des Nations pour me remettre physiquement. » Ses motivations restent intactes. « Je veux prouver que le choix de me signer n’était pas une erreur. Je suis là pour gagner des titres avec Montpellier. Cela me blesse qu’on puisse dire que je suis fini. Je veux leur montrer que le joueur que j’étais à Chaumont est toujours là malgré mes 34 ans. »

En dehors du terrain, Raphaël reste humble et proche de la communauté. « Je pense qu’il est important de redonner, surtout aux enfants. On organise des événements pour leur apporter un peu de bonheur, comme ce lancer de peluches pour les enfants hospitalisés.C’estquelquechosequimetientàcœur.» Raphaël Corre, c’est plus qu’un joueur. C’est un homme de valeurs, de détermination, et de cœur. « Je crois beaucoup au destin. Il y a toujours du bon dans toutes les situations. » Père d’un petit Roméo de 20 mois, il trouve également dans sa famille une source de motivation et de joie inépuisable. Et c’est avec cette philosophie qu’il continue à inspirer, sur le terrain et en dehors.

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