LE GOLF

Chicandier
J’adore le golf. Alors bien sûr, ça fait « p’tit bourge », c’est évident. En fait ça n’est précisément pas de mon fait si j’aime ce sport (on parle de loisir à tort). Mon père a décrété en 1990 que la famille se mettrait au golf, ma mère, mon frère et moi.

Au départ c’était comme une sorte de thérapie familiale je crois. Nous allions apprendre plus tard que mon père y avait une danseuse (ça s’ambiançait derrière le practice) mais qu’importe, j’étais piqué. Un proverbe anglais dit « Si tu as un ennemi, dis-lui de se mettre au golf ! ». Il est vrai que le golf, à l’instar d’un ado, c’est ingrat ! C’est chronophage. C’est incompatible avec une vie de famille, c’est obsessionnel le golf ! Et puis le résultat n’est jamais proportionnel à l’investissement en coût et en temps ! Mais pourquoi le golf ? D’abord parce qu’on peut y jouer en parlant avec un copain. Parfois jusqu’au trou numéro 16 on ne va rien se dire et puis, au détour d’un putt raté, il va vous apprendre qu’il divorce, qu’il a rencontré quelqu’un, qu’il abandonne son cabinet dentaire pour devenir naturopathe dans les Landes, à partir du 17, il se lance dans un rapport détaillé de ses rapports justement. On l’écoute distraitement parce qu’on doit aller chercher sa balle qui est partie dans les arbres à cause d’un énième drive parti trop à droite. Après on va au Club House, il y a un rituel, on commande une bière ou un « chose » (Schweppes et jus de pamplemousse), on refait la partie, on croise des copains, on se chambre. Ne pas oublier que le golf est anglais, c’est un sport de gentlemen vicieux, rouges, libidineux. Y’a un côté Chabrol dans le golf, « quelles voitures sont sur le parking ? » C’est un tout petit milieu, on se connaît tous. On voit qui prospère, qui ne vient plus. « Tiens tu n’as plus ton Cayenne, Gérard ? » « Non c’est un véhicule de courtoisie, ma voiture est en entretien ! » « Ah ok ! » Voilà un affront social qui se voit lavé ! Les femmes sont minces avec des visages liftés et des lèvres gonflées, ça parle Seychelles et Maldives et puis un peu des enfants. Les hommes parlent ski, vélo et problèmes de dos. Les gamins vapotent en cachette derrière les voiturettes. Il n’y a personne au départ du 1, une petite brise, j’ai cinq heures rien que pour moi à ne penser qu’à cette satanée balle blanche… après tout, ça ou autre chose ? Nietzsche disait « La vie est une oscillation entre la souffrance et l’ennui ! », je rajouterais « Oui mais au milieu, il y a le golf ! ».

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