“Nous peinons à trouver les moyens nécessaires pour soutenir nos ambitions”

SOUS LA PRESIDENCE TENACE DE CHRISTOPHE SPILLIAERT DEPUIS 25 ANS, LE MONTPELLIER WATER-POLO (MWP) NAVIGUE A CONTRE-COURANT, SE FRAYANT UN CHEMIN VERS LE SUCCES MALGRE DES OBSTACLES ET DES RESSOURCES LIMITEES.

Une histoire de résilience, de passion et d’engagement communautaire qui ne cesse de s’écrire depuis la fin des années 1990. À l’époque, Christophe Spilliaert est lui-même joueur à Montpellier. À 24 ans, le président lui donne procuration pour reprendre la suite. Mais le club est en faillite. « Je n’ai pas eu d’autre choix que de déposer le bilan », raconte-t-il. Une épreuve que le président va surmonter avec l’aide de sa mère. Le club renaît de ses cendres sous le nom de Montpellier Water-Polo. Une nouvelle aventure pour Christophe qui se consacre entièrement à la présidence, en parallèle de son travail à Pôle emploi. « Je n’avais plus le temps de jouer, mais c’est là que le véritable challenge a commencé. On est repartis de zéro, on a dû tout reconstruire. » Parmi les grandes étapes, le titre de Champion de France en 2012 reste un souvenir marquant. « Lorsque l’on a gagné, j’ai pris quelques minutes pour penser à mon père, à l’ancien président, aux gens que j’aimais. Et puis je suis revenu, et là, tout a commencé. » L’équipe Élite du MWP remporte son second titre en 2014 et gagnera la Coupe de la Ligue en 2017. Au-delà des performances sportives, ce qui fait la force du MWP, c’est son esprit familial. « Avec Fabien Vasseur, l’entraineur, nous nous connaissons depuis très longtemps. Nos fils, Marcel et Bastien, sont dans le groupe professionnel et se connaissent depuis toujours, » explique Christophe. « Tous deux ont baigné dans le monde du water polo durant leur enfance, Marcel portant le même prénom que mon grand père, poloiste qui a participé aux Jo de Londres en 1948. » Mais aussi son engagement solidaire. Le programme « Grand Plongeon », coordonné par Kamal Aït-Mehdi et Farid Hamadi, est le reflet de cet engagement. Accessible à tous, il offre la possibilité d’apprendre à nager, de s’initier au water-polo, de se former au métier de surveillant de baignade et même de pratiquer l’aquafitness. Mais l’ascension du club ne s’effectue pas sans difficultés. La concurrence est rude, notamment face à des clubs comme ceux de Marseille, Strasbourg ou Aix-en-Provence, qui disposent de moyens financiers et d’une communication plus importants. « Marseille compte quatre champions du Monde et des Champions Olympiques dans son équipe cette année. C’est difficile de rivaliser, bien que ce soit aussi cela qui fait monter le niveau du water-polo français »,

reconnaît Christophe. « Notre plus grand défi, c’est d’exister, de tenir sur la longueur, de trouver des partenaires, des sponsors indispensables pour assurer la pérennité du club. Le calendrier défini par la Fédération Française de Natation connaît de nombreuses interruptions, parfois de plusieurs mois. Fidéliser les membres et les spectateurs est un véritable défi », insiste le président. Avec un paysage sportif dominé par le football, le rugby ou le handball, s’imposer comme une force majeure du water-polo à Montpellier est une tâche ardue. L’ombre du volley et du basket féminin, qui gravite autour de ces trois sports phares, rend la situation encore plus difficile. Sans parler de la dépendance du club à l’école de natation pour son financement. « Environ 60 % du budget proviennent des adhésions des membres apprenant à nager dans les piscines de la ville, contrairement à de nombreux autres clubs qui dépendent presque entièrement des subventions » précise-t-il. Sans parler du coup de la location des créneaux et la répartition des entraînements entre Antigone et la Paillade. Pouvoir gérer sa propre piscine représenterait un atout indiscutable pour le club. Malgré les défis, le club n’a pas perdu de vue son objectif ultime : devenir une force majeure du water-polo français. Et si l’histoire du club est une indication, il ne faut jamais sous-estimer le potentiel d’une équipe déterminée à surmonter les obstacles et à réaliser ses rêves, peu importe la taille de ses moyens. « Je suis très attaché à ce club, je ne suis pas là depuis 25 ans pour rien. L’avenir de Montpellier Water-Polo est rempli d’espoirs et d’aspirations ». À la question des objectifs, Christophe est pragmatique. « Je gère au jour le jour, d’année en année. Mais globalement, je veux remettre le club sur une dynamique positive autour des jeunes en les faisant monter. Je nourris des ambitions réalistes. L’objectif, c’est d’être dans les quatre – cinq premiers pour participer aux coupes d’Europe. Cette année, on n’y est pas mais l’année prochaine, on verra, ça va dépendre du niveau des autres clubs. » Avec l’engagement et l’énergie de Christophe Spilliaert à sa tête, et l’apport constant de nouveaux talents formés au sein du club, Montpellier Water-Polo est prêt à faire face aux défis de demain. Qu’il s’agisse de rivaliser avec les clubs mieux financés, de maintenir son engagement communautaire ou de trouver les moyens d’offrir plus d’opportunités aux jeunes joueurs, le MWP est résolument tourné vers l’avenir. Son rêve de grandeur reste intact, malgré des moyens limités.

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