“UNE LEÇON DE VIE, UNE ODE À LA RÉSILIENCE”

VICTIME D’UN ACCIDENT DE VOITURE QUI L’A LAISSEE PARAPLEGIQUE A L’AGE DE 18 ANS, LEA XAVIER A SU TROUVER DANS SON PASSE DE NAGEUSE DE HAUT NIVEAU LA FORCE ET LA RESILIENCE POUR SE RECONSTRUIRE.

Issue d’une tribu de cinq enfants, élevée dans l’antre d’une famille où le partage est une religion, Léa se laisse bercer par les flots dès sa prime enfance. Sur les rivages azuréens, l’eau devient son refuge, la natation son Graal. Un potentiel indéniable éclot rapidement, projetant la jeune fille sur une trajectoire étoilée : des bassins niçois aux vagues du Pôle France Natation de Font-Romeu, jusqu’à l’orée d’un championnat d’Europe. Mais une funeste journée d’automne vient fissurer ce rêve d’écume et de gloire. « J’ai été victime d’un grave accident de la route alors que je me rendais à l’entraînement. J’ai tout de suite su que c’était grave, même si je ne mesurais pas complètement l’ampleur de la situation. Et je me rappelle très clairement n’avoir pensé qu’à la natation », se souvient Léa. La jeune femme passe une semaine dans le coma, son existence pendue à un fil. « À ce moment-là, mon pronostic vital est engagé. J’ai la colonne fracturée et des traumatismes importants aux viscères. Selon les médecins, je n’ai qu’un petit pourcentage de chance de m’en sortir. Mais je me réveille. Je suis entourée de ma famille, d’une amie proche et de mon entraîneur. » Après un mois et demi d’hospitalisation, elle est transférée au Centre de Rééducation Fonctionnelle Neurologique Propara, le plus gros centre de rééducation de Montpellier. « Je m’accroche à l’idée que je vais remarcher. Je vais  » m’entraîner « , pendant six mois, pour essayer de récupérer le maximum. Je prends une première claque. Personne ne me dit vraiment les choses, ni que je ne remarcherai pas ni que je vais rester en fauteuil. Je comprends seule que quand les nerfs sont abîmés, écrasés ou sectionnés, le corps ne peut pas suivre, même avec la meilleure volonté du monde. » Pourtant, l’oiseau bleu refuse de sombrer dans l’abîme. Son combat commence. Au sortir de six mois d’une rééducation éprouvante, Léa se métamorphose. « À ma sortie du centre, j’ai dû faire face à cette nouvelle vie. Le regard des gens, l’inaccessibilité. J’ai repris mon année STAPS pour retrouver un cursus scolaire. Mais ce n’est plus vraiment pour moi. Je me suis orientée vers un BTS en Management des Unités Commerciales. En parallèle, j’ai signé dans une agence de mannequinat italien. »

Léa explore le mannequinat inclusif, foule les podiums de la Fashion Week de Milan, et part vivre à la Réunion pour deux ans, loin de son nid familial. Elle s’aventure dans le triathlon, goûte au tennis, mais c’est la natation qui la rappelle sans cesse. L’appel de l’eau est irrésistible. « J’ai repris la natation, à peine un an après mon accident. Mais en tant qu’ancienne nageuse valide, je suis classée deux fois trop haut. Il m’est impossible de concourir avec les personnes de ma catégorie. » Mais contre toute attente, elle est finalement déclassifiée deux catégories en dessous il y a un peu moins de deux ans. « Clairement, cela va tout relancer. Je suis qualifiée pour les championnats de France. J’y vais mais je ne suis pas sereine. Je me suis moins préparée que mes concurrentes qui s’entraînent deux fois par jour mais je fais un super temps.  Malheureusement, une nouvelle intervention chirurgicale vient perturber son élan. « J’ai dû subir une opération qui va m’obliger à garder le lit presque six mois. Même si c’était difficile pour moi, j’ai repris la compétition pour ne pas sortir du circuit. Et une nouvelle fois, j’ai fait un temps presque record sans entraînement. » Pour Léa, la natation n’est pas qu’un sport, c’est un lien indéfectible qui la relie à la vie, à elle-même, à son essence. En dépit de l’adversité, elle est la preuve vivante que l’esprit, lorsqu’il est nourri d’espérance et de passion, est capable de soulever des montagnes. « Le sport m’a offert l’espoir et la détermination nécessaires pour renaître après mon accident. Il a joué un rôle majeur dans ma guérison. » Aujourd’hui, avec une place dans les compétitions internationales et les Jeux Olympiques de Paris en ligne de mire, Léa Xavier, 27 ans, est prête à écrire un nouveau chapitre de son histoire. Celle d’une nageuse hors du commun, d’une battante inébranlable, d’une femme libre. Son histoire est un hymne à la résilience, une partition qui se joue sur les notes de l’abnégation et de l’audace, une mélodie qui résonne au diapason de la vie. Elle est un rappel que le handicap n’est pas une fin en soi, mais une nouvelle manière de percevoir le monde, une nouvelle opportunité d’embrasser l’existence. Léa Xavier ne se définit pas par son handicap, mais par son courage, sa détermination et sa volonté de fer. Elle ne se contente pas de survivre, elle vit, elle brille, elle inspire. Elle n’est pas une victime, elle est une héroïne.

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